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Photo : Verger de belle-cour

Découverte producteur – Les vergers de Belle-Cour

Nous avons le plaisir de vous présenter l’un des producteurs sélectionnés par Du Bonheur en Bocal pour vous fournir des produits bio et locaux !

Les vergers de Belle-Cour, dirigés par Geoffroy Barral, nous fournissent en jus de pommes bios délicieux : vous les avez tellement aimés qu’il vous faudra attendre désormais la nouvelle récolte !

Partons à la découverte de Geoffroy, sa ferme, son travail et ses produits et de son parcours de vie.

Le verger de Belle-Cour, c’est 5 hectares de terres situés sur la commune de Montbert, à une quarantaine de kilomètres de Saint-Etienne de Montluc.

Geoffroy Barral a repris l’exploitation il y a quelques années, suite au départ en retraite du précédent propriétaire.

geoffroy barral
Photo : verger de Belle-cour

Interview de Geoffroy Barral, producteur de pommes et jus de pommes bio

Tout d’abord, peux-tu nous parler de ton parcours t’ayant mené à produire des pommes spécifiquement ? Qu’est-ce qui t’attire dans ce fruit ?

Pendant mes études, j’ai fait un bac+5 et j’ai ensuite fait de la recherche génétique sur les plantes. Je travaillais dans des laboratoires, mais cela ne me convenait pas car je n’avais aucun contact avec les plantes, tout était très artificiel.

J’ai ensuite eu une expérience professionnelle dans la recherche de virus sur les arbres fruitiers, ce qui m’a appris beaucoup de choses, mais à ce stade, je n’avais aucune idée que j’allais finir dans la production.

J’ai ensuite passé plus de 3 ans en tant que chef de culture dans une exploitation maraîchère industrielle, à Saint-Philbert de Grandlieu. On y produisait 8 millions de salades par an, avec plein de phytosanitaires… Et j’ai encore appris beaucoup de choses, j’avais par exemple 100 salariés à gérer…

Mais je me suis rendu compte que décidément, ce type de production n’était pas mon truc !

Attiré par les bons produits, et client de ce type de produits, visiteur régulier des fêtes à la ferme… de fil en aiguille, j’ai développé de bonnes relations avec l’agriculteur qui était propriétaire de ce qui allait devenir mon verger… Et puis un jour, il m’a dit qu’il avait un peu de terre, on a commencé à travailler ensemble, et il m’a annoncé qu’il allait prendre sa retraite, que ses enfants ne voulaient pas reprendre la ferme, et j’ai donc eu cette occasion qui s’est présentée à moi.

Il faut bien savoir que je n’étais pas “programmé” pour faire du bio, et ça s’est fait un peu de cette manière, au gré des rencontres.

Ça fait 5 ans que je suis à la tête des vergers de Belle-Cour et globalement, je suis beaucoup plus heureux qu’avant.

Par contre, ce qui est encore un peu dur (mais moins qu’au début), c’est de gérer une entreprise : tous les jours, on a son entreprise à l’esprit. Le cerveau est toujours sur le projet.

Photo : verger de Belle-cour

Au début, je travaillais beaucoup, j’apprenais le métier, sans gagner beaucoup d’argent, donc j’avais une pression importante, mais elle s’estompe avec le temps.

Dans mon métier, la météo peut aussi faire qu’on peut tout perdre en 5 minutes, ça peut être stressant !

Aujourd’hui, j’ai 2 salariés et une stagiaire, donc ça simplifie beaucoup la gestion au quotidien.

L’image de la liberté (être dehors par exemple) que nos métiers inspirent, c’est vrai, elle existe, on gère son temps comme on veut, mais il faut aussi savoir qu’on est enchaîné à notre culture, on est obligé d’aller jusqu’au bout, on ne peut s’arrêter en cours de saison !

Ce qui me passionne, c’est que je travaille aujourd’hui pour la santé des gens et de la planète, et aussi pour le challenge. Si c’était pour faire des pommes plein de produits chimiques, industrielles, je ne ferais pas ce métier. Ça m’a écoeuré de voir l’agriculture industrielle et conventionnelle, et ce qu’on donne à manger aux gens, alors qu’on sait très bien que c’est mauvais pour notre santé. C’est pour cela que je ne pourrais pas faire autre chose que du bio.

Peux-tu nous parler de ton travail au quotidien dans le verger, quelles sont tes activités principales ?

Il faut séparer deux périodes. D’abord, l’hiver : la semaine se répartit grosso modo comme ceci :

  • lundi on prépare les commandes et on calibre les pommes
  • mardi : on finalise les commandes et on charge le camion, pour être prêts pour la tournée du mercredi, et s’il fait beau, on fait un peu de taille
  • mercredi : on part en livraison de jus de pommes
  • jeudi : je relivre, les magasins, on fait un peu de taille dehors, on désherbe…
  • vendredi : on tient le magasin

Et finalement, ça passe très vite ! Beaucoup de temps est affecté à la vente.

Avec les beaux jours, au mois de mai, juin… on met des engrais, du cuivre en avril, on taille en vert (taille sur la feuille), on s’occupe de l’arrosage, du désherbage avec machine, et plein d’autres choses en extérieur.

J’ai 2 salariés à l’année et j’embauche 7 saisonniers pour la cueillette (en sachant que celle-ci a lieu de plus en plus tôt avec le dérèglement climatique) : on commence à cueillir le 20 août chez nous et cela dure jusqu’au 5 novembre.

Est-ce qu’il y a des difficultés particulières à produire des pommes en bio, par rapport à d’autres fruits ?

Oui, on va d’ailleurs s’équiper de filets prochainement.

Ces filets ont 3 objectifs intéressants pour nous :

  1. cela permet de se prémunir d’un petit papillon qui pond dans les fruits, et c’est très dur de s’en débarrasser en bio, mais en traditionnel, plein de produits permettent de s’en débarasser sans problème
  2. cela protège aussi des frelons (asiatiques et européens) qui, avec le réchauffement climatique, arrivent en masse et détruisent tout
  3. et enfin, cela protège de la grêle, qui est un autre danger pour nous

C’est un gros investissement pour s’équiper, mais ce sera un bon investissement.

Photo : verger de Belle-cour

Alors qu’en conventionnel, il faut savoir que c’est juste un peu de travail et des passages de pulvérisation en produits chimiques, et pas de souci, les pommes poussent ! Tout problème a une solution chimique en agriculture conventionnelle, tout est prévu et possible pour chaque problème technique. Alors qu’en bio, on travaille avec la nature et le vivant, c’est plus compliqué.

J’en profite : sachez que quand on croque une pomme conventionnelle, on mange un mélange de résidus actifs, des fois il y a jusqu’à 30 produits chimiques différents sur la pomme ! Et les gens mangent ce cocktail…

Pour prendre un exemple, il y a des fongicides qu’on applique à seulement 10 jours de la cueillette, le Geoxe par exemple. Et la moindre pomme non bio en a en bonne quantité, donc vous en mangez !

Encore une chose, les pommes conventionnelles sont chargées d’eau pour qu’elles soient au bon calibre et ça fait plus de ventes au kilo, puisque les fruits sont encore plus lourds et les consommateurs les payent plus cher. Vous payez beaucoup d’eau en fait, quand vous achetez du conventionnel.

Les fruits conventionnels sont également cueillis avant maturité : ils sont mis au froid (avec de l’azote) et les fruits n’ont pas de goût. Ça permet de faire du volume et de les conserver longtemps.

Constates-tu des effets du dérèglement climatique sur ton travail et ta production ?

Bien sûr ! 

Déjà, dans la vallée du Rhône, les productions de fruits à noyaux ce sera fini dans quelques années. Récemment, ils ont eu une journée à 46°C : tout a brûlé, c’était du jamais vu.

Ils repasseront sûrement à l’olivier (comme avant) et par chez nous, on va récupérer les productions de la vallée du Rhône dans les années à venir…

Je ne veux pas faire de catastrophisme, mais il faut tout de même constater les faits.

Par contre, en hiver 2021, on a un bon mois de février, avec un bon coup de froid qui sauve la saison, en effet, ça permet de faire en sorte que les bourgeons sortent de manière homogène plusieurs semaines plus tard.

Une autre chose en lien avec le réchauffement, saviez-vous que l’Espagne veut détourner le Rhône, qui se jette en Camargue, faire un canal vers Barcelone, c’est un projet de longue date, qui coûtera très cher s’il se concrétise, mais si cela se fait pas, ils devront dessaler de l’eau de mer (ce qui sera aussi très cher) car ce ne sera plus possible d’irriguer leurs productions agricoles avec la sécheresse et les températures de plus en plus élevées.

Tout ce que je vous décris se passera peut-être dans 50 ans, mais ça ira peut-être plus vite, ça peut même aller vite !

Regardez par exemple les glaciers qui disparaissent : quand il y aura plus de neige, donc plus d’eau, on ne pourra faire d’agriculture comme aujourd’hui.

Rappelons-nous aussi qu’il y a 12.000 ans, il y avait des glaciers de dizaines de mètres de haut jusqu’à Londres !

Et normalement, à ce rythme, d’ici 2.000 ans de manière assez cyclique on sera de nouveau dans une période de froid. Au Moyen-Âge aussi, il y a eu une petite glaciaire.

Tout cela pour dire que l’humanité vit une sorte de période bénie, historiquement, avec un climat juste bien pour l’agriculture, et qu’on est en train de tout dérégler.

As-tu un message à transmettre aux habitants de Saint-Etienne de Montluc et environs, et plus particulièrement aux clients de notre épicerie Du Bonheur en Bocal ?

Oui, tout à fait, en achetant mes pommes, voici ce que vous contribuez à faire :

  • vous gardez l’emploi sur le territoire, c’est très important, 
  • vous protégez les petites structures
  • vous protégez votre santé aussi !
  • économie de CO2, c’est local, ce qui pollue le plus c’est le dernier km, on fait nos livraisons etc.

Merci beaucoup à Geoffroy et nous espérons que vous adorerez croquer ses pommes à la prochaine récolte, elles sont produites avec passion, par un passionné !

Photo : verger de Belle-cour

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